Quand les villes sont venues me chercher pour appliquer la réglementation municipale, je savais que je n’aurais pas le choix d’ouvrir une SPA ou quelque-chose de similaire. Je ne connaissais pas grand-chose du milieu, j’avais mon école, mes clients, rien de compliqué. J’avais une excellente réputation dans le milieu, une chronique hebdomadaire dans le journal local, j’étais prospère, tout allait pour le mieux.
Ouvrir une SPA, pas évident, mais je n’avais pas le choix! Je me suis renseigné, j’ai posé des questions, j’ai pas aimé les réponses, mais j’ai appris à vivre avec. Par contre, j’avais le choix, je l’ai encore d’ailleurs :
1- J’opère une SPA avec une chambre à gaz et des euthanasies systématiques. C’est facile, pas besoin de beaucoup d’employés, pas besoin de grandes installations, des beaux salaires, etc…
2- J’opère une SPA comme je le fais là. On essaie d’en sauver le plus possible, mes installations ne sont jamais à fine pointe, mes employés sont sous-payés, j’y passe tout mon argent personnel, je deviens démotivé souvent, mon équipe aussi, etc… Si j’avais pris l’option 1, j’aurais été jugé, critiqué. J’ai pris la deuxième option, je suis jugé, critiqué quand même.
Pourquoi je persiste? Je dois être un peu timbré! Par contre, je me regarde dans un miroir sans détourner les yeux, mais à quel prix…
Quand je suis obligé de prendre des décisions comme hier et de les expliquer à mon équipe, j’ai le cœur sur le bout des lèvres, j’ai envie de vomir. Je remets tout en question, dans ma tête, en silence…
Je regarde le gouvernement qui a réduit de 50% les effectifs des agents de protection de la faune. Les compagnies minières qui détruisent notre environnement sans même payer de compensation digne de ce nom ou participer à la réorganisation de ce qu’ils détruisent. Je regarde ma ville qui détruit la forêt environnante pour y construire des duplex qui vont rester vides, la population est inchangée depuis 20 ans. Je regarde mon député fédéral à qui j’ai remis des documents pour fermer une usine à chiots de 75 reproducteurs et qui a refusé de s’en mêler. Pourtant, c’est supposément son cheval de bataille…
De quoi aura l’air le Québec dans 10 ans? Où en seront nos animaux, domestiques et sauvages? Aurons-nous encore des forêts à montrer à nos enfants?
Je ne veux pas être défaitiste, mais je m’interroge sérieusement sur l’avenir de la nature de ma province… !